[IPTV] La France intensifie sa lutte contre le piratage sportif avec le blocage des adresses IP en temps réel
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Le Sénat français a adopté une nouvelle loi anti-piratage qui ouvre la voie au blocage automatisé des adresses IP. Cette avancée législative est renforcée par un accord parallèle, « secret », entre les détenteurs de droits sportifs et les principaux fournisseurs d’accès à Internet, visant à automatiser la lutte contre le piratage et à simplifier les demandes de blocage directes. Les détenteurs de droits espèrent que ces nouveaux pouvoirs contribueront à lutter contre l’économie mafieuse du piratage.
Les mesures traditionnelles de blocage de sites, qui obligent les FAI locaux à bloquer l’accès des abonnés aux sites pirates populaires, sont utilisées depuis des années par les titulaires de droits en France. L’objectif est de dissuader le piratage en rendant les sites plus difficiles à trouver, mais ces mesures ne sont que partiellement efficaces.
Plus récemment, les demandes de blocage de sites ont ciblé d’autres intermédiaires. Les fournisseurs DNS, dont Google et Cloudflare, ainsi que plusieurs des plus grands fournisseurs de VPN, ont tous reçu l’ordre de rendre les sites web pirates inaccessibles via leurs services.
Bien que plusieurs de ces ordonnances soient encore en appel, les titulaires de droits et les législateurs poursuivent leurs efforts. Ils estiment que davantage peut et doit être fait pour lutter contre le piratage en ligne, et en particulier le piratage des contenus sportifs en streaming.
Un nouveau projet de loi permet le blocage automatisé en temps réel
Un nouveau projet de loi modifiant l’article L. 333-10 du Code du sport a été adopté cette semaine au Sénat. Le projet de loi « Lafon » permet aux ayants droit d’utiliser un système entièrement automatisé pour bloquer les sites piratés, sans avoir à passer par l’Arcom, l’autorité française de régulation des télécommunications, pour la mise à jour des sites mis sur liste noire.
Les intermédiaires ciblés sont tenus de mettre en œuvre ces blocages « sans délai ». Cela accélère le processus de blocage, ce qui est particulièrement important pour gérer les diffusions en direct de sports piratés, constamment mises à jour. Des régimes de blocage similaires sont déjà en vigueur en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni.
Le projet de loi ne précise aucune méthode concrète de blocage, mais en permettant aux juges de cibler les adresses IP des serveurs, il ouvre logiquement la voie au blocage des adresses IP.
Blocage des adresses IP
S’adressant au journal français L’Informé , Xavier Spender de l’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), qui représente beIN Sports, Canal+, Eurosport et d’autres, explique que l’objectif est de renforcer les mesures de blocage existantes.
Nous souhaitons nous hisser au niveau des Anglais, des Espagnols et des Italiens en mettant en place un blocage d’IP adapté au contexte français. Notre objectif est de bloquer les serveurs en tête du réseau, c’est-à-dire au plus haut niveau possible de l’architecture pirate.
D’autres acteurs considèrent également le blocage automatisé et en temps réel des adresses IP comme indispensable pour lutter contre l’épidémie de piratage de contenu en streaming qui sévit dans le pays. On estime que 37 % des téléspectateurs de Ligue 1 regardent actuellement des matchs de football illégalement.
« L’adoption de ce nouveau système est indispensable pour protéger efficacement nos compétitions et notre modèle économique, d’autant plus que la LFP s’apprête à lancer sa propre chaîne », a commenté la Ligue de football professionnel (LFP).
Brice Daumin, directeur général de DAZN, diffuseur de Ligue 1, souligne que « Arcom ne fonctionne pas le week-end », et qu’il fallait donc agir pour mieux gérer le problème. « En Angleterre, on peut bloquer 10 000 liens en deux jours ; en Italie, c’est 18 000. Et avec Arcom, c’est 5 000 par an. »
Un accord de blocage « secret »
Bien que le projet de loi n’ait pas encore été adopté, les parties prenantes préparent déjà un accord complémentaire. Selon un article de Marc Rees de L’Informé, le groupe de détenteurs de droits sportifs APPS a conclu un accord de principe privé avec les fournisseurs d’accès Internet Orange, SFR, Bouygues Télécom et Free.
Apparemment en préparation depuis 2023, l’accord couvre les détails les plus fins d’un nouveau système de blocage, y compris la mise en œuvre technique et qui paiera les coûts.
Jusqu’à présent, les détails précis du système de blocage, notamment les éventuels projets de surveillance indépendante, restent flous. Cependant, une source a indiqué que les risques de blocage excessif étaient pris en compte, ajoutant que les titulaires de droits restaient responsables de leurs erreurs.
Le surblocage et la mafia
Les appels à des pouvoirs de blocage étendus arrivent à un moment sensible, car les récentes extensions en Espagne et en Italie ont donné lieu à plusieurs incidents de blocage excessif.
Toutefois, selon le délégué général de l’APPS, Xavier Spender, il n’y a pas lieu de s’inquiéter car « tout sera mis en place pour garantir qu’il n’y ait aucun risque de blocage excessif ».
Le temps nous dira si la France sera en mesure d’éviter les dommages collatéraux, mais il est clair qu’APPS et ses détenteurs de droits sont désireux de mettre en œuvre des pouvoirs de blocage plus larges pour faire face à la « mafia » du piratage.
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des groupes mafieux à la tête d’une économie de piratage, dont le modèle s’apparente au trafic de drogue. Pour lutter notamment contre les offres IPTV illicites, vendues à tous les coins de rue, nous devons nous adapter pour permettre un blocage en temps réel », explique Spender.
Source: https://torrentfreak.com/france-escalates-war-on-sports-piracy-with-real-time-ip-blocking/